Wisdom of Life

A la marge des Parvis ?

Parmi les personnes et les associations fédérées à Parvis, il y a bien des façons de se situer.

Sur le parvis, sans être jamais entré dans l’Eglise.

Sur le parvis, en allées et venues, dedans/dehors.

Sur le parvis, sortis de l’Eglise, en quelle attitude ?

En contestataires, en missionnaires, en apostats ?

S’y trouvant à plusieurs ou esseulés, selon notre démarche

qui fut individuelle ou groupale voire « sociétale » ?

Et dans quelle posture ? Avec quel projet ?

Tournant le dos à cette Eglise ? Adossé ou loin d’elle ?

Face à elle ? L’œil aux aguets ou indifférent ?

L’oreille distraite ou attentive à ce qu’elle énonce…

Pour tenter de décrire en quelle posture l’association culturelle de Boquen participe à cette mouvance, je peux dire que :

Historiquement, l’association n’a pas choisi le « parvis » mais s’y est trouvée « jetée », par décision de l’Eglise en ses hiérarchies (diocésaine et cistercienne). Ces circonstances furent éprouvées douloureusement par les membres de la « communion de Boquen », qui s’efforcèrent d’y consentir – non sans révolte parfois –, et de dégager la sagesse et la voie spirituelle que cet

événement leur offrait à vivre. Les chemins furent variés, souvent s’écartèrent ; toujours de nouvelles personnes vinrent les partager, et ponctuellement ou au long cours, contribuer à les inventer.

L’association jugea bon de rencontrer des voisins de parcours, de créer et raviver des liens afin de nourrir sa démarche et sa réflexion. En 2001, elle rejoignit les Réseaux du Parvis et y trouva des échanges motivants, riches, denses, solidement argumentés et s’opérant entre hommes et femmes de bonne volonté. Une des conséquences fut la réactivation d’intérêt pour des questions d’Eglise dans la mesure où elles rejoignent des problématiques plus larges qui traversent la société et nous interpellent.

Je décrirais notre fonctionnement collectif sur le parvis plutôt comme « dos tourné » à l’institution Eglise, très éloigné, avec des variations individuelles pouvant aller d’une appartenance critique plus ou moins distanciée à l’indifférence tranquille. Il peut nous rester des résidus de colères ancrées dans nos histoires personnelles.

Encore une fois, comme dans toute l’histoire de notre association, c’est l’occasion de nous exercer au respect des personnes quelles que soient leurs croyances et leur parcours, à l’ouverture d’esprit, à l’approfondissement de nos connaissances, à l’accueil fécondant des pensées différentes. La diversité des âges, des origines sociales et culturelles des membres de notre association permet de vivre ce pluralisme.

Notre façon de faire et donc d’être ensemble, inscrite dans notre lieu de Poulancre, me semble pétrie d’une tradition monastique issue de la règle de St Benoît. Porteuse d’écoute, de simplicité, de mesure, de souci de l’accueil et du partage, d’attention aux plus vulnérables, de recherche d’équilibre dans les rythmes de vie et l’alternance des tâches intellectuelles et matérielles, d’une aspiration au bonheur et à la paix au travers d’une quête spirituelle, elle est soutenue par la réflexion et le vivre ensemble. Nous tentons de conjuguer intériorité et engagement concret dans la vie. La dimension politique, au sens large et noble du terme, traverse depuis toujours les préoccupations et les échanges de notre association.

Ouverts aux apports de la philosophie et des sciences aussi bien qu’aux richesses des grandes traditions de vie spirituelle, nous sommes évidemment plus familiers de la culture occidentale chrétienne dont individuellement pour la majorité d’entre nous et socio-culturellement aussi, nous sommes issus. Toutefois, cette culture ne constitue pas une référence « identitaire » pour l’association qui se définit comme laïque.

L’interrogation sur l’actualité et la radicalité du message évangélique, sur la place qu’il peut prendre dans nos vies, reste une question majeure pour nombre d’entre nous.

Notre amour de la Vie, avec ou sans majuscule, nous l’exprimons collectivement au travers de pratiques qui pour être peu spectaculaires et souvent minimalistes n’en sont pas moins créatives et nourries des compétences (littéraires, artistiques, voire culinaires…) des participants à nos rencontres. Il est clair que depuis bien longtemps déjà celles-ci n’ont, dans la forme au moins, plus rien à voir avec des célébrations eucharistiques.

Pour conclure, en référence à la devise des Parvis, je dirai : Chrétiens ? Certains de ses membres, oui ; l’association : non. En liberté… ? Nous l’espérons !

Colette

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