Wisdom of Life

Communauté ou communion ?

Dès les premières années de son existence, au temps de sa vie dans l’Abbaye, l’Association Culturelle de Boquen était en fait connue comme « Communion de Boquen ». Par la suite, cette désignation, de plus en plus mal comprise par beaucoup de nos membres en raison de certaines de ses connotations, n’a plus été utilisée pour l’Association. Cependant, il nous a paru intéressant de revenir aux sources et de relire comment, il y a maintenant plus de trente ans, Bernard Besret, dans le texte ci-dessous rappelait le véritable sens premier de ce terme de « communion », en l’opposant à celui de « communauté » (De commencement en commencement, Itinéraire d’une déviance, éditions du Seuil, 1976) :

Si j’avais repris le vieux terme de communion pour désigner notre rassemblement, c’est justement parce que ce rassemblement n’était pas une communauté. La différence entre les deux termes me semble claire. Une communion se caractérise par le partage d’un même esprit. Une communauté, quel que soit le projet qu’elle met en œuvre, est une réalité de type politique. Elle dépasse le stade de la réflexion. Elle met en place un certain mode de vivre ensemble. En ce sens-là, l’Eglise n’est pas une communauté. Sa vocation n’est pas de faire vivre des gens ensemble, mais de rassembler de temps en temps des gens qui vivent dispersés, en diaspora. Un rassemblement ne peut être que provisoire. A la fin d’un rassemblement, on se « désassemble ». C’était le sens de l’ite missa est. Les chrétiens ne se rassemblent pas pour constituer un monde à part, pour vivre en communauté. Ils se rassemblent au contraire pour vérifier la qualité de leur communion, c’est à dire pour vérifier s’ils ont bien le même esprit, la même espérance, la même foi, la même confiance.

(…)

Une communauté, au contraire, ce sont des personnes qui se sont engagées les unes par rapport aux autres par une sorte de contrat, pour mettre en œuvre un mode d’existence différent, au moins sur certains points, de celui qui existe dans la société. On sait donc avec exactitude qui fait ou ne fait pas partie d’une communauté. Bien plus, si la communauté ne fixe pas avec précision des critères d’appartenance, elle ne survivra pas longtemps. Une communion n’est pas obligée de définir de tels critères car elle se définit par des engagements

concrets, précis, quotidiens. Boquen a d’abord été une communauté de type monastique. Cette communauté a suscité un réseau d’amitiés et de relations qui, à un certain moment, s’est reconnu comme une communion. La vitalité de cette communion a fini par faire éclater le noyau communautaire qui l’avait suscitée.

(…)

S’il y a crise des institutions chrétiennes, c’est précisément parce que l’Eglise-communion a trop souvent prétendu se traduire par des communautés politiques et qu’elle les a proposées comme des modèles, comme des traductions de l’Evangile. Or l’Evangile agit comme un ferment contestataire dans n’importe quelle communauté. Vouloir fonder des communautés au nom de l’Evangile, à la limite c’est empêcher que s’accomplisse sa fonction. C’est faire de l’Evangile une religion, un système, c’est réduire l’Evangile au christianisme. Toute religion est relative. L’Evangile est l’esprit qui doit faire vivre nos religions.

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