Ce mot « Boquen » évoque, selon la période à laquelle on se réfère, des réalités bien différentes :
Il désigne d’abord un lieu, une forêt bretonne aux confins du Mené, terroir rural du département des Côtes d’Armor. En 1132, en pleine expansion du monachisme occidental, les Cisterciens y fondent une abbaye qui sera démantelée avec la Révolution. Ses ruines sont relevées à partir de 1936 par Dom Alexis Presse avec une poignée de moines dans un esprit de dépouillement avec retour radical à la règle originelle.
À partir de 1964, sous l’impulsion de Bernard Besret, relayé par Guy Luzsénszky s’y vit une expérience originale partagée ponctuellement ou au long cours par un grand nombre de personnes : la Communion de Boquen. Cette époque a été l’objet d’une forte médiatisation et reste dans la mémoire de toute une génération. La création, en 1969, de l’Association Culturelle de Boquen qui en devient le support juridique, vise tout particulièrement l’objectif de permettre aux laïcs de s’investir en toute responsabilité dans le fonctionnement et les orientations de la Communion.
Après bien des péripéties, en 1976, l’épiscopat et l’ordre cistercien, voulant mettre un terme à cette expérience originale, installent dans les lieux des religieuses à vocation érémitique : les sœurs de Bethléem. Elles y sont restées jusqu’en 2010. Le diocèse a alors souhaité que s’installe à leur place une communauté du Chemin Neuf.
L’Association quitte les lieux, la Communion de Boquen devient nomade et, plutôt que de rejoindre son monastère de Lérins, Guy Luzsénszky choisit de partager avec elle ce chemin. En différents lieux, la Communion organise ses rencontres (principalement en Bretagne et à Paris) et cette pratique perdurera après 1978 quand l’acquisition d’un bâtiment à rénover dans une petite commune du centre Bretagne permet à l’association de disposer d’un lieu qui favorise le vivre ensemble.
Au fil des années, la solidarité financière des membres de l’association, et l’investissement généreux de leur temps libre dans les travaux et l’entretien de la maison de Poulancre a permis sa pérennisation, sa rénovation modeste et son embellissement. Le fonctionnement, sans « permanent » de cette maison ouverte (d’autres groupes l’utilisent à l’occasion) reste toujours précaire, il nécessite autogestion et responsabilité de chacun.
La mémoire de ce parcours est inscrite dans notre bulletin « Chronique de Boquen » (pour ce qui est du discours) autant que dans les modalités de vivre ensemble (ce que les nouveaux venus nous renvoient régulièrement) et des traces visibles dans le lieu (bibliothèque, albums de photos, carnets de bord, objets divers …)
Cette histoire reste ouverte…
Le Conseil
Tous droits réservés © 2014 Conception Jean-Rémy Dushimiyimana
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