Wisdom of Life

Rencontre d’artistes à Poulancre, août 2008

Rencontre d’artistes à Poulancre, août 2008

Les premiers jours de la semaine commencent avec Françoise et quelques participants.

Le thème de l’eau est retenu, mais cela s’étend à la nature, le ciel, la pluie, le soleil, les bateaux, la mer, les vagues et tout plein d’autres choses. Nous lisons un conte soufi sur la petite rivière qui essaie de traverser le désert ; elle y parvient en se faisant transporter par le vent et en retombant en pluie de l’autre côté.

Au départ, il est décidé de démarrer par des travaux individuels. Chacun/e est invité/e à faire quelque chose sur un carré de papier kraft.

A l’extérieur, un soleil plutôt rare alterne avec les nuages et la pluie. Chaque jour, les prévisions météo sont les mêmes : « pluie suivie d’averses » ! Le rythme de Poulancre s’installe progressivement ; il faut un peu de durée.

Au départ, plusieurs déclarent n’avoir aucune idée. Puis on s’y met et les idées viennent. L’exercice individuel commence. Chacun/e recherche ses couleurs dans ce qui a été apporté par Françoise ; quelques difficultés pour obtenir du vert. Les différents morceaux sont ensuite assemblés sur le sol comme un puzzle ; cela forme un long ruban de plusieurs mètres. Certains évoquent la Tapisserie de Bayeux (en réalité une broderie), mais c’est plus serein, moins guerrier ! Le travail collectif se met en place, petit à petit, nous découvrons la continuité et l’unité entre les différentes parties de l’assemblage.

Tout en se concentrant sur son propre travail, chacun reste attentif à ce que font les autres. Il y a des échanges sur l’utilisation des peintures, des pinceaux et autres matériels ; discussions moins techniques aussi sur des aspects plus philosophiques de ce qui est en train de se passer.« La peinture est une philosophie, ce n’est pas un jeu, c’est un enjeu » ou encore réflexion sur le travail en « matière » ou en « minceur ».

Pour la deuxième moitié de la semaine, nous sommes rejoints par deux artistes, Marie Simon et Gilbert Le Goff accompagnés par Gérard, époux de Marie. Ceux d’entre nous qui étaient à la rencontre de Brest sur le thème « Bible et nature » en février dernier avaient déjà eu l’occasion d’admirer le travail de Marie et même de recevoir des petites peintures qu’elle avait généreusement offertes aux participants.

Comme Françoise, Marie nous apporte à Poulancre certains de ses travaux.

Gilbert aussi nous montre ses paysages bretons réalisés avec des pastels secs.

Puis la collaboration entre les trois artistes commence pour la réalisation d’une œuvre collective, sur le thème de l’eau, sur un grand drap.

C’est une œuvre de communication, ce qui n’est pas toujours évident ; ce n’est plus une juxtaposition, les trois artistes interviennent sur toute la surface. Cela oblige à analyser en permanence l’œuvre qui est en train de se réaliser. Il faut créer à plusieurs quelque chose qui soit cohérent. C’est une attitude totalement différente de celle de la création individuelle.

A tour de rôle, chacun des trois artistes travaille sur l’œuvre collective posée à plat sur une table tandis que les deux autres observent à distance, le plus souvent depuis l’étage supérieur accoudés sur la balustrade qui surplombe la peinture ; ils commentent ce qui se réalise et suggèrent des traits, des points, des espaces vides, des couleurs, accompagnés dans cela par les autres participants du groupe qui ont également apporté leur contribution dans diverses tâches, notamment pour la couture des bordures et l’accrochage.

Pendant ces travaux collectifs, nous avons eu la visite de Marie-Madeleine Guillerm, journaliste à Ouest-France qui connaît bien Poulancre ; elle s’est beaucoup intéressée à ce qui se passait et, quelques jours plus tard, elle relatait dans le journal « la création d’une œuvre collective est un acte difficile car l’égocentrisme de l’artiste est contrecarré par l’apport de chacun. Mais c’est un exercice suprêmement enrichissant, chacun contribuant par son discours ou son trait pictural à la réalisation commune qui est révélatrice de beaucoup plus que la somme de chacun de nos apports personnels. »

A la fin de la semaine, les deux œuvres collectives sont accrochées dans la maison. Très différentes et en même temps complémentaires, elles représentent une petite synthèse de ce qui s’est passé et chacun peut y retrouver quelque chose qu’il/elle aura apporté. C’est également un témoignage qui reste dans la maison, notamment pour notre fête de 30 ans de Poulancre qui a eu lieu quelques semaines plus tard.

Un des temps forts de cette rencontre aura été sa conclusion ; tous réunis autour de la toile réalisée par les trois artistes, nous avons écouté Simone déclamer spontanément le beau poème de José Maria de Hérédia, « Les Conquérants », accompagnée d’un air de flûte joué par Gilbert. Pendant ce temps, un rai de lumière venait éclairer la toile ainsi que la peinture collective faite par tous les participants au début de la semaine évoquant l’air et l’eau.

« Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal

(…)

Ils regardaient monter en un ciel ignoré,

Du fond de l’océan des étoiles nouvelles. »

Jean-Pierre Schmitz

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