L’indépendance de la Tchécoslovaquie, en 1918, marque une soif de changement au sein de l’Église catholique, trop liée à l’empire austro-hongrois. Une partie du clergé entreprend alors de fonder une église nationale, détachée du Vatican, et reprenant l’héritage hussite. Elle nait le 8 janvier 1920, s’appelant d’abord Église tchécoslovaque, puis Église tchécoslovaque hussite. Mais communément appelée église nationale.
Elle utilise la langue tchèque, abandonne le célibat en vigueur pour les prêtres et après la Seconde Guerre mondiale elle ordonne également des femmes.
Comment est-on arrivé là ?
A la fin du XIV siècle l’église, qui comme partout en Europe a une haute main sur la destinée des empires, des royaumes et des individus, détient un tiers des terres en Bohême et est perçue par beaucoup trop temporelle et plus assez spirituelle. Une piété plus intériorisée est alors réclamée, ainsi que de bons prédicateurs.
C’est dans ce contexte que Jan Hus (1369-1415), prédicateur depuis 1402, à Prague, préconise un retour à l’église apostolique, spirituelle. S’élevant contre le système ecclésiastique, il prône la réforme de l’Église et le retour à la pauvreté évangélique.
Il traduit l’Évangile en tchèque, ce qui contribue à fixer la langue littéraire tchèque, le rendant accessible au plus grand nombre. ”l’Évangile est la seule règle et tout homme a le droit de l’étudier”, disait-il. Il prêche en langue tchèque et ses sermons rassemblent régulièrement plusieurs milliers de personnes.
Ses propos trouvent des échos dans la haute noblesse, qui voit la possibilité de s’attribuer les biens ecclésiastiques quand il soutient que la réforme de l’Église doit passer par le pouvoir laïc. Même le roi Venceslas lui apporte son soutien dans un premier temps, puis le lui retire quand celui-ci provoque en 1412 un soulèvement contre les Indulgences (sur la vente desquelles Venceslas prenait sa part).
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Convoqué au Concile de Constance en 1414 pour se justifier, Jan Hus s’y rend, muni d’un sauf conduit impérial. Mais il est emprisonné et accusé, il ne peut répondre que par oui ou non. Il est convaincu d’hérésie et brûlé vif le 6 juillet 1415.
Après sa mort, Hus est considéré comme un saint par ses partisans.
Le 30 juillet 1419, des émeutes éclatent, et les hussites prennent l’hôtel de ville, défenestrant les notables catholiques et le mois suivant, la mort de Venceslas provoque des émeutes marquées par des profanations iconoclastes.
En juillet 1420, les hussites élaborent les quatre articles de Prague, qui forment la base de leur programme, inspiré par les enseignements de Jan Hus.
Ces quatre articles sont :
– la communion sous les deux espèces (les communiants devant manger l’hostie et boire le vin),
– la pauvreté des ecclésiastiques,
– la punition des péchés mortels sans distinction selon le rang ou la naissance du pécheur,
– la liberté du prêche.
Le hussisme et son interprétation ont joué un rôle très important dans l’historiographie tchèque au XIXe siècle en particulier, en ce qui concerne les rapports entre les communautés tchèques et allemandes en Bohême et Moravie.
Si les rapports de la société tchèque avec la minorité allemande semblent avoir été réglés, une fois pour toutes, avec les décrets Beneš, ceux avec l’Église catholique sont toujours distants. Les débats sur la restitution des biens confisqués par les communistes en 1948 (faut-il rendre à l’Église et aux ordres monastiques les immenses domaines qu’ils possédaient dans l’ancienne Tchécoslovaquie ?) et des procès à haute teneur symbolique par exemple celui portant sur la propriété (étatique ou religieuse ?) de la cathédrale Saint-Guy dans l’enceinte du Château de Prague en sont l’illustration.
Ben Aïssa
Tous droits réservés © 2014 Conception Jean-Rémy Dushimiyimana
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